lundi 5 décembre 2011

LE MOBILE

Depuis le quatorze juillet, Caillou n'était devenu qu'une pâle copie de lui même. Ses traits se sont creusés, ses yeux se sont cernés de noir, son teint est devenu livide, fantomatique.
Il se souvient de tous les détails : du grenier poussiéreux de ses grands parents, de l'obscurité quasi complète qui l'habitait. Il se rappelle de l'odeur de la pile de vieux matelas sur laquelle il était assis, et le ton de la voix de B. qui lui annonçait qu'il ne l'aimait plus.

Son univers s'est arrêté, le temps s'est suspendu et dans ce nouveau monde d'une infinie lenteur, Caillou a cessé d'exister.
Bien qu'il refusait de sombrer dans un pathos grotesque, je mentirai en disant que vivre une vie normale lui demandait des efforts surhumains, que ses rires étaient forcés, et que parfois, son regard se perdait dans le vide sans raison apparente pendant plusieurs minutes.

L'image flamboyante que j'avais de Caillou s'est effritée, sa rage de vivre s'était diluée, et à chaque fois qu'il se cognait, il manquait de se briser.
Les semaines, les mois ont passé, et aucun changement n'a opéré. J'ai décidé de l'aider, lui faire une fleur et prendre sa place.


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