mardi 25 septembre 2012

TROIS PAR TROIS

Je lui ai craché le morceau. Promptement. Comme on arrache un pansement. J'ai plongé mes yeux clairs dans ses opales aquatiques et j'ai lâché la bombe.
Ma main était posé sur ma hanche, mon regard soutenu comme par défi. Je voulais qu'il me gifle.
Il m'a demandé si j'étais sérieux, ce que j'ai confirmé. Il s'est mordu la lèvre supérieure, et la gifle n'est pas venue.

Je m'attendais à lire la déception sur son visage, que ses sourcils noirs se baissent, et que son regard se fasse froid comme l'acier. J'ai surtout trouvé un homme inquiet.

L'effroyable vérité, c'était le vide. La surprenante vacuité qui naissait sourdement dans ma poitrine, comme si quelqu'un m'avait volé mon coeur pendant mon sommeil - et ma capacité de jugement aussi - et que soudainement plus rien n'avait d'importance, qu'importe le nombre de coeurs que je briserai en chemin, qu'importe mes noirs desseins, qu'importe les traits fins du prochain amant. Qu'importe.

Il me faudrait infliger autant de coup que l'on m'a asséné.

dimanche 2 septembre 2012

LES NUITS D'ETE ONT DES EFFLUVES D'ENCENS

Certes, mes jambes ont parcouru des milliers de kilomètres mais mon coeur semble avoir fait plusieurs fois l'aller-retour à la lune. Au moins.
En enjambant deux à deux les marches qui me mènent au quatrième étage du numéro 73 du boulevard Voltaire. J'ai un kilo de plomb dans le ventre, les oreilles qui bourdonnent et le coeur au bord des lèvres.

Et lorsqu'il plonge ses yeux clairs dans les miens, et trempe ses lèvres aux miennes, les doutes, appréhensions et questions abreuvent comme la mousson, et cette foutue sensation d'être une adolescente de dix-sept ans en proie aux doutes mais qui a des papillons dans le ventre.

La nuit parait déraisonnablement longue et courte à la fois, je perds toute notion du temps suspendu dans une bulle aux effluves d'encens, je me noie dans l'ozone de son encre, sans reprendre mon souffle une seule fois.