samedi 21 janvier 2012

SANGUIN ET COLÉRIQUE

Mon cœur battait lentement dans les oreilles et je portais tranquillement ma cigarette à mes lèvres, dans les décombres fumants de notre débauche d'hier. Les cadavres de bouteilles disséminés dans chaque recoin du salon de ses parents comme autant de preuves de nos excès.
J'avais bien évidemment trop bu la veille, et conscient de mon état d'ébriété j'avais pris soin de noter sur le bras les titres de livres que m'avait recommandé Claire. J'étais sûr de les oublier. Nous avions débattu pendant une bonne heure sur Françoise Sagan et Colette, mais ma mémoire furtive ne saurait se rappeler de l'objet du débat.
Mes autres souvenirs ne sont pas si flous, je me souviens du goût des lèvres de Marc, de l'odeur de la vodka, du rire de son frère ou encore de nos pas de danse sur Chairlift.

J'étais là, silencieux, et éteint, assis à sa table de banquet, à moitié nu, à constater les ravages de notre fougue, et de notre jeunesse, quand mon téléphone s'est mis à vibrer.
Ma voix cassée s'est mise à résonner dans la pièce trop grande. Il m'a fallu quelques secondes pour reconnaître la voix feutrée de Jordan. Il m'annonçait deux choses : il avait trouvé du travail chez un designer et il retournait à new york.
Il emportait avec lui, dans ses valises les balbutiements de notre amour et la promesse qu'un jour je dormirai dans ses bras. Nous avons raccroché, sur un "Take care" plus qu'évasif. Le regard vague, il ne me restait plus qu'à dire "bonjour tristesse".