dimanche 16 février 2014

LES PETITS PAPIERS


Avril 2013.

Et les souvenirs assourdissants de ce cris qui n'ont pas eu lieu, résonnent dans ma tête avec un écho hypnotique et inquiétant. Je pourrais en passer des heures assis dans le noir à répéter en boucle chacun des mots que nous nous sommes dit, et je repasserai au crible toutes ses expressions pour trouver où est l'erreur, la faille.
J'en compterai des minutes, celles qui me séparent de son dernier éclat de voix, de sa dernière carresse.
Le compte me parait irrémédiablement long, chaque jour un peu plus, et je blâme l'implacabilité du destin. Je me rassurerai en rêvant de jours plus ensoleillés et plus légers, mais nous savons bien qu'ils seront rares et imprévisibles.

Alors, quitte à se noyer, autant que cela soit dans une bulle d'espoir, accrochée au dessus de ta lèvre supérieure, celle que tu tordais parfois d'envie lorsque tu apercevais mon visage. Aussi maigre soit-elle, elle me plonge dans des états contraires et violents tant la peur de ta disparitions soit grande.
J'aimerais me rendre ivre du silence et détruire les murs, cours jusqu'à chez toi et oublier que tout ceci n'est jamais eu lieu.

***

Que reste-t-il de mes amours ? De ces garçons aux sourires hypnotiques ? Quelques souvenirs qui s'entassent ci et là. L'odeur d'une peau chauffée au soleil sur une plage au bord de la Méditerranée. L'odeur du pain grillé, le matin dans la cuisine, inondée de lumière. Quelques caresses parfois un peu rugueuses, le gout du café des premiers baisers. Quelques cris aussi et parfois de la vaisselle brisée.

Je me souviens avec une exactitude relative de ces hommes qui ont peuplé mes pensées, nourri mes espoirs et mes passions autant que mes peines.
Le temps file avec une vitesse incroyable et grandit avec lui le sentiment que nous ne pouvons rien empêcher.